Le 30 juin dernier, le décret qualité en formation fêtait ses sept ans ! Un cap symbolique pour un retour d’expérience circonstancié autour de cette question toujours épineuse dans le champ de la formation professionnelle : comment garantir une offre de formation de qualité sans devenir esclave d’un référentiel unique ?

Retour en arrière,  30 juin 2015 : dans les suites des discussions lancées au moment de l’élection de François Hollande avec les partenaires sociaux et d’une réforme de la formation qui a vu s’instaurer le CPF et l’entretien professionnel entre autres (rappelons-le), un volet spécial concernant la qualité dans le secteur de la formation est publié. Ce texte mentionne six critères :

« 1° L’identification précise des objectifs de la formation et son adaptation au public formé ;
« 2° L’adaptation des dispositifs d’accueil, de suivi pédagogique et d’évaluation aux publics de stagiaires ;
« 3° L’adéquation des moyens pédagogiques, techniques et d’encadrement à l’offre de formation ;
« 4° La qualification professionnelle et la formation continue des personnels chargés des formations ;
« 5° Les conditions d’information du public sur l’offre de formation, ses délais d’accès et les résultats obtenus;
« 6° La prise en compte des appréciations rendues par les stagiaires. »

Si pour certain.e.s ces éléments ont fait l’effet d’une bombe dans notre secteur, je me rappelle très de ma réaction qui consistait à croire que nous avions là une belle occasion de marquer notre singularité tout en étant très bien implantées et reconnues dans notre secteur d’activité. Le message du législateur me semblait clair : l’acheteur de formation est responsable de la qualité de l’action qu’il achète et charge à chaque prestataire de formation de pouvoir convaincre de la qualité de l’action qu’il propose.

Dans la continuité de ce décret, les OPCA (futurs OPCO) ont décidé de créer une plateforme de recensement des organismes de formation respectant ces critères décrétés à travers une traduction du texte en un référentiel ainsi qu’une plateforme associée : Datadock. Paradoxalement, ce « datadockage » est devenu l’expression courante pour qualifier la qualité des actions de formations, comme un sésame pour dispenser des faces-à-faces pédagogiques.

Dans le même temps, les qualiticiens en place sur le marché en France ont également proposé des référentiels permettant de confirmer la qualité des actions de formations, sur les mêmes modèles que ceux éprouvés dans d’autres secteurs, notamment l’industrie. Les organismes de formation validant un référentiel qualité avec un organisme certificateur reconnu par le CNEFOP étaient alors dispensés de réponses au fameux référentiel Datadock. Dans notre lecture, clairement, les référentiels qualité de la première génération étaient d’emblée plus exigeants que le référentiel OPCA, très orienté sur la qualité administrative de la formation, dans une logique déclarative et sans audit.

L’opportunité de travailler sur un référentiel exigeant, en ce qui nous concerne, a constitué un point clé dans le développement de notre offre de formation. Non seulement nous avons pu effectuer nous-même un vaste tour d’horizon de nos pratiques et de questionner ce que nous faisions parfois de manière automatique pour redonner du sens à nos actions. Et puis, l’occasion nous a été donné de questionner nos pratiques avec un œil extérieur, tant sur la partie structuration que sur la vision de la pédagogie que nous développons. Quand bien même les vieilles peurs d’évaluation ont ressurgi, les bénéfices d’une observation neutre et factuelle à l’appui d’un référentiel ont été un vecteur de croissance.

Depuis janvier 2022, le référentiel Qualiopi est devenu le référentiel unique pour les organismes de formation souhaitant attribuer une reconnaissance qualitative à leurs offres de formation- y compris les offres de formation en alternance- d’accompagnement VAE ou bilan de compétences. Ce référentiel était disponible dans sa première version dès 2020 et nous avons eu la possibilité de bénéficier dès l’été 2020 de ce label. Etant engagées depuis 2017 dans une démarche qualité, notre audit de renouvellement a été aménagé par notre certificateur de manière à renouveler directement avec comme base Qualiopi.

Lors de notre audit initial avec Qualiopi, nous avons senti l’exigence de ce référentiel et de sa déclinaison en 37 critères à la fois précis et exigeants. Néanmoins, si l’exercice était déjà connu de nous en tant que tel, relire notre offre à l’aune de ces critères a permis une nouvelle fois de remettre en perspective nos pratiques. Nouveau référentiel, nouvelle auditrice, nouvelle phase de développement pour nous. Les points forts de notre proposition avaient d’ailleurs été clairement notifiés dans le rapport d’audit : « Le questionnaire de prépositionnement comprend une évaluation du niveau de lecture et écriture, une évaluation des connaissances avant la formation (reprenant les objectifs de la formation), le niveau d’aisance vis-à-vis de l’utilisation outils informatiques et internet, une question « comment aimez-vous apprendre ? », et une zone libre permettant la saisie des attentes. Il a été noté comme point fort l’ensemble des éléments demandés au stagiaire en amont de la formation permettant ainsi d’adapter au mieux celle-ci. »

En juillet 2022, nous avons réalisé notre audit de suivi qui a permis de suivre l’évolution de notre offre ainsi que de notre démarche qualité, en lien avec les observations réalisées il y a deux ans. Cette année, nous sommes fières de constater non seulement à quel point l’exercice de l’audit, qui plus est à distance, est fluide pour nous mais aussi les points forts de notre offre. « L’audit s’est déroulé de façon fluide grâce aux éléments particulièrement bien préparés et structurés en amont par l’organisme » a noté notre auditrice dans son rapport de clôture. Nous avons également reçu deux retours présentés comme des points forts : la mise à disposition de nos supports et autres ressources à travers nos outils digitaux et notamment Padlet a été relevée ainsi que notre capacité à intégrer dans nos pratiques de l’innovation pédagogique de manière régulière et ce grâce à la rédaction au fil de l’eau d’un Guide d’Activités Pédagogiques (GAP), notre bible en matière d’animation.

Cet audit de suivi a été pour nous l’occasion une nouvelle fois de se questionner et aussi de conforter nos pratiques pédagogiques. C’est un moyen de se rappeler que notre identité en formation est certes bien installée mais aussi de mettre à profit nos compétences acquises sur d’autres formats et modalités qui contribuent activement à répondre à notre mission : déployer les potentiels et créer ensemble des collectifs durables.